Eclairage sur la précocité
Zoom sur la Précocité, le Haut Potentiel…
Il n’est pas simple de se repérer au regard des différentes terminologies et finalement, l’important est ailleurs! Sachez, avant tout, que la précocité n’est pas une pathologie, elle n’est pas un trouble psychique. Sa définition relève de la passation à un test standardisé dont le résultat global signe un quotient intellectuel (QI) au dessus de la norme des résultats des enfants du même âge.
Même si bon nombre de chercheurs en psychologie s’accordent à dire que l’intelligence est un facteur de protection dans la trajectoire d’un enfant, l’intelligence n’interdit pas les difficultés émotionnelles, sociales et scolaires.
Il est complexe, ici, de dresser un état des lieux complet sur le sujet mais…certaines questions reviennent…et se doivent d’être traitées « le plus objectivement et scientifiquement possible ».
Ψ Peut-on établir un lien entre un QI élevé et la présence systématique de troubles?
Cette question est au centre des discussions et la littérature n’est pas unanime sur le sujet.
Considérations générales,
Dans le domaine de la psychologie, si l’histoire vous était contée…il y aurait d’un coté des chercheurs qui tentent, à partir de protocoles expérimentaux sur des groupes de sujets, d’étayer leurs hypothèses sur le fonctionnement humain. Leur démarche repose sur les principes scientifiques en vigueur. Et de l’autre coté, des psychologues cliniciens qui, à partir de leurs observations durant les séances, proposent certaines hypothèses de fonctionnement. Mais évidemment, les avancées de la recherche fondamentale enrichissent la pratique des cliniciens et inversement l’observation clinique des praticiens favorisent l’apparition de questionnement. C’est ce que nous observons dans le domaine de la psychologie au sujet de la précocité!
Du coté des observations cliniques dans les cabinets de psychologie,
Certaines idées sont très répandues!
En voici, un certain nombre! Les enfants/adolescents qui présentent une efficience intellectuelle au-dessus de la norme comporteraient certaines singularités
♦ Hypersensibilité
♦ Pensée en arborescence
♦ Association possible de trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité
♦ Trouble de la régulation émotionnelle
♦ Difficulté d’adaptation à l’école
…
Mais certains chercheurs ne seraient pas en accord avec la généralisation de ces considérations pour « essentiellement une raison » :
Ces observations cliniques comporteraient un biais, de plus en plus décrié : le biais de recrutement. En effet, toutes ces observations s’appuieraient sur des enfants et des adolescents pris en charge par un(e) psychologue. Autrement dit, toutes ces considérations émanent d’un groupe particulier mais qu’en est-il des enfants présentant un HP mais qui ne présentent pas de difficultés particulières et donc que nous ne retrouvons pas dans les cabinets? Autrement dit, l’ensemble des enfants présentant un HP ont-ils des troubles d’ordre socio-émotionnels ou scolaires?
Des études scientifiques contournant ce biais (en suivant des cohortes d’enfant dès la naissance sur une population aléatoire), n’observent aucune différence significative entre les enfants présentant un QI dans la norme et ceux présentant un QI au dessus de la norme sur un plan symptomatique. Certaines études démontrent même le rôle protecteur de l'intelligence : qualité des interactions sociales, réussite ultérieure.
Mais dans un souci d’objectivité, nous devons pointer du doigt que toute étude comporte des limites, des manquements à même de relativiser les résultats obtenus. Pour qu’il y ait un consensus, beaucoup d’études doivent prouver ou réprouver les mêmes hypothèses et ce n’est, aujourd’hui, pas suffisamment le cas!
Alors qu’en pensez?
En l’état actuel des connaissances, nous ne pouvons pas clairement nous prononcer! La multiplication des études à venir permettra de recueillir plus d’informations et de questionner ces observations. L’humilité est de mise! Considérer l’enfant dans toute sa singularité et découvrir ses spécificités propres restent l’approche la plus constructive et éthique.
Actuellement, en psychologie, nous cherchons à définir un profil psychologique selon des dimensions : dimension socio-émotionnelle, cognitive (QI par exemple), de personnalité… Et c’est l’évaluation de ces composantes qui permettent d’appréhender un profil singulier, propre à chacun.
Ainsi, chaque individu est particulier et ne peut être catégorisé et étiqueté en fonction d’une description générale, catégorielle. La généralité s’applique rarement au cas particulier. Ce qui explique que nous pouvons à la lecture d’un article sur internet nous retrouver au sein d’un profil mais pas totalement et parallèlement trouver des similitudes avec un autre profil totalement différent.
Par exemple, l’anxiété et la rumination sont présentes dans de nombreux troubles mais elles ne suffisent pas, à elles seules, à poser des hypothèses de diagnostiques!
Pour conclure
Lorsque nous rencontrons des enfants et adolescents présentant un HP avec des difficultés socio-émotionnelles , il peut-être intéressant d’aménager l’environnement de l’enfant pour qu’il se sente mieux (saut de classe, par exemple).
Attention, certains discours tendent implicitement à transmettre un message aux enfants : leur difficultés proviendraient de leur précocité! La précocité peut effectivement apporter une coloration particulière aux troubles! Mais chaque enfant est singulier de par son fonctionnement cognitif/émotionnel/affectif et de par son histoire...Une vision quelque peu réductionniste, à mon sens, ammenerait l'enfant à penser qu'il est l'émanation d'une classification... lui offrant peu de possibilité d'agir sur sa vie. Or, il me semble important de préserver le sentiment d'auto-contrôle et promouvoir l'exploration de sa propre intériorité!